Métiers nécessitant une forte expertise, le profil d’un préventeur à bien évolué ces 10 dernières années.
Diverses casquettes, pluralité de compétences techniques, voici les portraits croisés de trois préventeurs avec les missions qui leur incombent autour de la politique HSE/QSE de leur entreprise.
SOMMAIRE
- 1. Parcours d’un préventeur
- 2. Evolution de leur métier sur ces 10 dernières années
- 3. La journée type du préventeur en 2020
- 4. Les problématiques rencontrées
- 5. Le bruit dans leur entreprise
- 6. Les nouveaux enjeux dans leurs fonctions
S’il y a bien une personne connue au sein de notre entreprise, c’est le préventeur !
Acteur incontournable sur la gestion du risque bruit et bien souvent décisionnaire sur les choix de mise en place de protections auditives, il représente un interlocuteur important à nos yeux.
Son niveau de technicité en fait un redoutable négociateur et un client exigeant.
Nous avons échangé avec trois d’entre eux : Ludovic SAVEAN, Jean DUPONT et Valérie BARRE-LEBLANC et leur avons demandé de nous raconter leur vie de préventeur en 2020 !
Ludovic SAVEAN
Ingénieur Prévention Soletanche Bachy Région Nord
https://www.soletanche-bachy.com/fr
Valérie BARRE-LEBLANC
Responsable QSE TTA-Lubrifiants
https://www.tta-lubrifiants.com/
1. Parcours d’un préventeur
Issu d’un BTS des systèmes automatisés, Mr SAVEAN intègre en 1999 Solétanche Bachy tout d’abord en tant que Technicien de maintenance des systèmes automatisés pendant cinq années avant de se voir proposer le poste de Préventeur.
Mr SAVEAN : « Ancienne génération venant directement du terrain, je suis tombée dans la marmite de la prévention au hasard des chemins professionnels. Si cette fonction existait déjà dans l’entreprise, il s’agissait d’une toute autre génération. J’ai abordé ce poste avec des nouvelles fonctions et avec des nouveaux projets d’entreprise. »
Pour Mr DUPONT, après un Master 1 Ingénierie chimie et agroalimentaire il se spécialise via son Master 2 en gestion des risques et sécurité en secteur industriel.
Plusieurs expériences professionnelles lui permettront de se spécialiser en HSE dans le secteur pharmaceutique puis dans la sécurité dans le secteur agroalimentaire.
Cela fait maintenant cinq années qu’il travaille en toute autonomie sur un site d’une industrie Agroalimentaire pour assurer le rôle de préventeur avec depuis quelques années une casquette en amélioration continue des processus.
Quant à Mme BARRE-LEBLANC, chimiste de formation elle intègre TTA Lubrifiants il y a seize ans après une spécialisation en Master QSE, laissant derrière elle le travail de paillasse dans divers domaines (Fabrication agro-pharmacie, traitement des déchets, pôle réglementation dans un groupe cosmétique).
Aujourd’hui elle encadre trois personnes.
2. Évolution de leur métier sur ces 10 dernières années
Le constat est que leurs fonctions ont énormément évoluées ces dix dernières années :
Mr SAVEAN : « La prévention a pris et continu à prendre une place très importante dans notre activité professionnelle du BTP. Nous ne sommes plus dans une prévention dite « sécurité réglée » qui essaie d’anticiper les choses (analyse des risques, préparation, planification, formation…). On est entré dans une nouvelle ère de prévention dite « sécurité gérée ». Cette méthodologie qui se veut proactive (vigilance partagée, compétence, alerte et stop face à une situation dangereuse…) a pour objectif d’être dans une activité sécurisée (risque maitrisé).»
Voici un exemple concret avec le risque bruit chez Soletanche Bachy :
« Si on fait un parallèle avec les protections auditives, nous ne sommes plus à dire que les protections sont obligatoires, que c’est la règle. On va plutôt essayer de comprendre pourquoi elles ne sont pas portées, d’être plus à l’écoute de la personne pour la sensibiliser au risque. »
Il s’agit d’anticiper les risques en échangeant avec les personnes concernées directement sur le terrain.
Pour Mr DUPONT, il paraît difficile de définir les missions exactes d’un préventeur aujourd’hui tant les choses ont évoluées ; Cela dépend de divers facteurs comme la taille de l’entreprise par exemple.
(Les fonctions peuvent énormément varier).
« Avant le préventeur c’était celui qui faisait la sécurité. La sécurité c’était son affaire. Aujourd’hui, les entreprises ont pris conscience que le préventeur est avant tout un expert de son domaine et un animateur du développement de la conscience sécurité.
J’ai un rôle d'accompagnement et de consultant auprès des managers. Plus que le préventeur, ils sont les garants de la sécurité de leur équipe.
D’un point de vue plus technique, je m’assure principalement que tout est mis en œuvre au niveau des conditions de travail et que les équipements soient sûrs pour les salariés. »
Il constate bien souvent un fossé entre les anciennes et nouvelles générations notamment sur la maitrise des risques et travaille donc avec la direction à comment faire évoluer les mentalités, transformer les cultures.
Concernant Madame BARRE-LEBLANC, les choses ont effectivement évoluées Il y a 10 on ne parlait que très peu des risques psychosociaux, et de la QVT (Qualité de Vie au Travail).
« Ces 10 dernières années on a vu évoluer doucement mais surement ces nouvelles thématiques. Il y a 10 ans le travail du Préventeur Sécurité était ciblé principalement sur l’analyse des risques chimiques, des risques liés aux matériels /équipements, et risques environnementaux. Aujourd’hui la prise en compte du facteur humain, relationnel et organisationnel se formalise et devient un enjeu avec l’apparition des engagements RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises).»
3. La journée type du préventeur en 2020
La présence sur le terrain représente la majorité de leur activité :
Mr SAVEAN : « J’ai une grande présence sur chantier pour ma part pour être au plus près des choses. Participation au briefing de début de poste (tous les jours, l’encadrement direct prend le temps de discuter de la sécurité de la journée- entrées et sorties), accueil et visite de chantier accompagné d’un encadrant et voir si possible d’un opérateur, restitution et compte-rendu dans la foulée. »
Si les visites de chantier sont importantes, l’accompagnement chantier sur les sujets préventions constitue également l’élément phare d’une journée type.
La journée type de Mr DUPONT se fait également sur le terrain avec les équipes autour de discussion informelles : « Cela permet de déceler leurs humeurs, leurs états émotionnels. C’est une prise de température du climat salarial ».
Une fois rentré, la partie administrative prend le relais du terrain pour gérer les mails, faire du suivi des risques, échanger avec les fournisseurs mais aussi passer du temps pour la formation.
Un autre point est la veille active à faire pour recueillir les bonnes pratiques, voir ce qui s’est passé sur les autres sites de l’entreprise. Il y a beaucoup de partage entre les sites, cela permet de partager et de mieux analyser.
« Au-delà de tout ça, je mets un point d’honneur à rester toujours disponibles pour les urgences terrain ou autres sollicitations »
Chez TTA-Lubrifiants, les jours passent et ne se ressemblent pas ! L’équipe de Mme BARRE-LEBLANC répond avant tout aux demandes clients et terrains et de ce fait cela change régulièrement son quotidien.
Si une trame de fond se dessine, avec une phase plus administrative le matin via le traitement des mails et les tâches administratives (suivi des plans d’actions et projets), l’après-midi est plus rythmée avec des déplacements sur le terrain.
Les thématiques récurrentes tournent autour de la qualité et de la sécurité des produits (Étiquetage, réclamations clients, problème d’équipement endommagé, maintenance.).
« Pour une structure comme la nôtre, le service QSE représente un réel support Technique pour nos clients ainsi que pour nos services internes : L’objectif est double, sur certaines thématiques (équipements, amélioration structurelle...) il s’agit à la fois d’analyser et proposer des pistes d’améliorations qui seront étudiées en équipe. Alors que pour d’autres demandes il faut être de suite réactif et capable d’apporter une réponse précise pour garantir la meilleure qualité et meilleure prévention que ce soit pour nos produits ou nos équipes. »
4. Les problématiques rencontrées
Les problématiques HSE rencontrées au sein de Soletanche-Bachy se font autour des activités soutenues depuis plusieurs années avec des gros projets toujours en cours, les temps de réalisation pour faire les chantiers de plus en plus restreints, la pression des clients pour le respect des délais et difficultés importantes lorsqu’ils interviennent comme sous-traitant.
« Que la prévention soit l’affaire de tous (maitre d’œuvre, maitre d’ouvrage, direction entreprise, encadrant chantier, opérateur, mécanicien…). »
Mr SAVEAN, mentionne également les risques psychosociaux.
Jean Dupont nous explique que pour lui, à l’instar des médecins généralistes qui aiguillent vers les spécialistes selon les pathologies, le préventeur doit pouvoir s’en remettre à des experts internes ou externes selon les problématiques. Il est donc important de savoir bien s’entourer pour solliciter au plus vite les bonnes connaissances.
S’il nous fait part du peu d’accident avec peu de gravité au sein de sa structure il rappelle cependant que les risques sont bien là :
- Risque chimique,
- Chute de plein pied,
- Co-activité,
- Risque bruit,
Dans le secteur des lubrifiants, Mme BARRE LEBLANC explique : « la problématique HSE la plus courante chez nos clients est de trouver l'équilibre entre l’efficacité technique du lubrifiant qui entrera dans la machine client et préservera son bon fonctionnement tout en réduisant le risque chimique pour les opérateurs amenés à manipuler ce lubrifiant. En effet, aujourd’hui nous sommes en constante relation avec les services de santé au travail des clients pour expliquer une classification CLP d’un produit et les mesures de prévention recommandées. »
En Interne, sur les plateformes de stockage, les risques de chutes, collisions et blessures co-existent encore malgré les mesures de prévention/équipements de ces dernières années. Et une problématique demeure « comment convaincre davantage et faire progresser tout le monde dans la démarche de prévention d’accident, quelque-soit le degré de sensibilité des collaborateurs » En effet, même si certains sont très moteurs et force de propositions, il est nécessaire de former continuellement et de réinventer les formations, les messages… qui déclencheront la prise de conscience et la mise en pratique par les opérateurs ainsi que les managers.
« Le préventeur est un équilibriste : il évolue et doit convaincre à la fois l’opérationnel terrain et le managérial ».
5. Le bruit dans leur entreprise
Pour Soletanche-Bachy, l’essentiel de leur activité tourne autour d’engins de travaux spéciaux (grue d’excavation, foreuse, centrale de fabrication…) qui malheureusement génèrent des nuisances sonores bruyantes pouvant engendrer une surdité pour les opérateurs.
Ces derniers sont équipés de protections auditives moulées, ils ont été dans les premiers à croire à ce type de protection et à avoir fait confiance à COTRAL LAB dès son origine sur le marché, 20 ans après nous continuons à travailler en ensemble et voire même à développer de nouveaux produits ensembles comme cela est prévue en 2020 sur des protections auditives connectées.
Dans la multinationale agroalimentaire : « Il y a en effet un risque bruit mais peu élevé. Il est de toute façon conseillé de mettre ses bouchons dès que cela approche les 80 d(B) et obligatoire à partir de 85 d(B). Ce qui est plus compliqué c’est le ressentit des salariés. Ils ont parfois l’impression qu’ils n’en ont pas besoin, d’où la nécessité de sensibiliser régulièrement. »
Pour l’entreprise TTA Lubrifiants face aux risques bruit, il s’agit plutôt de protéger les collaborateurs comme les ingénieurs d’applications et les technico-commerciaux qui interviennent quotidiennement chez leurs clients dans les process de l’Agroalimentaire, du travail des métaux (presses, usinages, tréfilage...), des carrières ou bien à proximité de Turbines...
L’enjeu était de trouver des protections auditives efficaces tout en conservant la possibilité pour nos équipes d’ingénieurs et commerciaux de continuer à discuter avec le client au pied de la machine en fonctionnement.
« Challenge réussit grâce aux protections et services de COTRAL LAB avec qui nous travaillons depuis 2014. A TTA, nous avons pour habitude de faire travailler en priorité les entreprises locales, mais bien qu’implantée en Normandie, COTRAL LAB a du personnel réparti sur tout le territoire, ce qui est très pratique lorsque le technicien prévention Cotral doit faire un moulage/prise d’empreinte d'oreille sur un de nos commercial basé dans l’est de la France par exemple... ».
6. Les nouveaux enjeux dans leurs fonctions
Il faut bien entendu amplifier la sensibilisation des acteurs de toute la chaîne pour Mr SAVEAN.
« Les nouveaux enjeux sont de toutes sortes :
- Humains (responsabilisé avec le personnel, éviter les accidents et les maladies…),
- Organisationnels (définir le rôle de chacun, améliorer la communication entre service…)
- Sociaux (fédérer, reconnaissance de son travail…),
- Économiques (réduire les couts des accidents et maladies, avoir du personnel compétent…),
- Techniques (moyens matériels.)
- Juridiques (être conforme avec la règlementation, réduire le risque pénal pour nos dirigeants, encadrants et opérateurs chantiers et dépôt matériels…).
Que la prévention soit l’affaire de tous (direction générale, encadrant chantier, opérateur chantier, mécanicien…). »
Pour Mr DUPONT, les nouveaux enjeux résident dans l’organisation des ressources humaines sur leur fonction (En effet de plus en plus de préventeurs sont seuls et endossent plusieurs rôles.) puis sur l’étendue des nouveaux champs d’actions QSE comme la QVT.
De multiples leviers de bien -être sont étudiés dans la multinationale agroalimentaire tels que :
- L’activité physique
- La nutrition
- La gestion du stress
« Si les salariés sont bien alors les salariés sont moins exposés et les dangers moins élevés ».
Pour lui, l’information, l’animation et l’accompagnement seront les maitres mots des prochaines années.
Pour Valérie BARRE-LEBLANC, la pénibilité va être un dossier majeur à prendre en compte dans les prochaines années.
Mais il faudra aussi faire avec les thèmes suivants :
- Les risques psychosociaux : pour preuve depuis 2015 cette thématique a même été intégrée dans la Norme ISO 9001. (Et ne relève plus que du ressort de l’OHSAS 18001)
- La QVT
- L’éco-conception, notamment dans le secteur agroalimentaire (sécurité alimentaire) ou bien Agricole-forestier où des fractions de lubrifiants bien qu’autorisés peuvent se trouver en contact avec le milieu.
Il faudra donc de plus en plus choisir et justifier la qualité de conception dès la formulation mais aussi la typologie d’emballage, le choix des étiquettes etc. Il faudra être encore plus responsable sur la conception de ses produits.
Nous le voyons, ce métier en forte mutation représente un rôle clé pour l’entreprise et ses salariés.
Cotral Lab se tient à vos côtés dans la gestion du risque bruit, n’hésitez pas à nous contacter pour toutes questions à ce sujet.
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